La mauvaise proie...

*Pffff mais qu’est-ce que je fous là…?*
*En voilà des manières, pour une jeune femme!*
*J’t’em…pose des questions?*
*Rabat-joie. T’es là parce que tu est recherchée par un taré mais gradé, s’il vous plait, et parce que depuis que le Neptunia a sombré tu cherches comment écouler le trésor que tu as sauvé.*
*Je n’ai pas sauvé de trésor… juste la bourse de feu mon maître canonnier… à défaut de l’avoir secouru, lui…*

Ca faisait mal, très mal, mais perdre le membre de l’équipage auquel on est le plus attaché était malheureusement chose courante en piraterie. Il disait s’appeler Linc’. Un vieux loup de mer qui avait pas mal roulé sa bosse et qui connaissais les vieux canons et l’art du dosage des ingrédients pour la poudre sur le bout des doigts. La jeune femme qui venait d’entrer dans cette taverne de laquelle émanaient des miasmes de transpiration et d’alcool mêlés demeurait masquée sous un capuchon noir. Ses bottes frappaient le plancher imbibé par les fêtes bacchanales auxquelles ces messieurs-dames se livraient sous ses yeux. On ne voyait pas son visage, ni autre chose d’ailleurs, mais ses formes laissaient suggérer une demoiselle… Sous son manteau, elle tenait serré contre elle cette espèce de rongeur appelée "Gwarf" et qui répondait, ou du moins quand ça l’arrangeait, au nom de Sirius. Une main agrippa son bras et aussitôt un regard assassin vint se poser sur celui qui était l’auteur de cet acte irréfléchi. Dans l’ombre de la capuche, on put percevoir une infime lueur blanchâtre. L’émail de ses dents perça les ténèbres et une voix à mi-chemin entre le suave et le calme s’échappa des lèvres vermeilles qui l’entourait.

"Bas les pattes, cafard."
"Ma zoliiiie! Viens te joindre à nous!"
"Nous? Ca, c’est clair : t’es pas tout seul! Tu t’es sifflé combien de bouteilles de ce truc, le vieux?"
"Approche, z’te diiis! Z’te ferai pas de mal!"
"Dégage, je t’ai dit."
"Ohoh!! REGARDEZ TOUS! CETTE JEUNE FILLE EST RETISCENTE!"

La foule qui macérait dans l’éthanol presque pur commença à se manifester. Au début, quelques chuchotements accompagnés de regards qui léchaient sa silhouette comme des loups en manque de viande, puis vinrent les sifflets et les huées et enfin cinq autres hommes rejoignirent le vieux pirate qui détenait toujours le poignet de celle dont on ne connaissait que la voix et le sourire narquois.

"Ben alors? On ne cède pas aux avances du monsieur? C’est pas bien, ça, dis-moi."
""Moi". Vous êtes content?"
"Mademoiselle fait de l’esprit! VOUS ENTENDEZ CA? ON POURRAIT EN FAIRE DES AMUSES-GUEULES POUR REQUINS ET ELLE CONTINUE DE CROIRE QU’ELLE VA ECHAPPER A SIX PIRATES DE DEUX FOIS SA LARGEUR!"

Il y eut un éclat de rire général. Tous se massaient autour d’elle. Les quelques femmes au bord du coma éthylique demeuraient l’air hagard l’objet de ces messieurs qui, visiblement, tenaient mieux l’alcool qu’elle.

*Prenez une chambre, à la fin…*

Elle était sur le point de subir le même sort, à la différence qu’elle avait les idées claires, et réussissait à se plaindre intérieurement du spectacle qui s’offrait à elle. La comédie avait assez duré. Elle avait soif, et personne ne l’empêcherait d’arriver jusqu’au bar, où elle commanderait certainement quelque chose qui ferait rire les survivants. Survivants? Ben oui, il ne faut pas trop longtemps lui taper sur les nerfs, à la petite dame. Oui, elle avait aimé des hommes mais en général ils avaient eu de l’honneur. Eux ne représentaient pour elle qu’un amas de chaire et de… non là, ce n’était vraiment plus du sang qui coulait dans leurs veines… Une seconde, elle avait voulu s’amuser en lançant par-ci par-la des phrases caustiques mais dans l’état semi-comateux qu’ils arboraient, ils auraient été dans l’incapacité de comprendre son humour.

*Monte, j’ai besoin de mes deux mains.*
*Oui, mon capitaine!*

La petite boule de poils encore pas sortie du manteau grimpa jusque sur son épaule depuis le ventre où le bras de sa maîtresse le maintenait. Il passa sa petite tête de marmotte à grandes oreilles par le capuchon pour apprécier le spectacle qui allait bientôt commencé. Ses mains sortirent du long manteau, prolongement du capuchon, et commencèrent à l’auréoler de vert. Des dizaines d’éclairs parcoururent la salle et bientôt… Six jeunes femmes pour six hommes!

"Voilà qui me paraît un peu plus équitable… Par qui on commence? Ah! Papy! Ben oué, mon vieux, tu vois double… même plus que ça! C’est terrible quand même de martyriser son foie à ton âge… mais je vais abréger tes souffrances."

Le sourire sarcastique s’élargit d’avantage. Une intense lumière verte jaillit de ses mains et… il s’effondra sur le sol. Au même moment, en face de chaque brute, les cinq autres sorcières faisaient le même chose et les cubes s’écroulèrent. En général, ses clones ne sont pas synchronisés avec elle et ont une certaine forme d’autonomie (toute relative qu’elle est)… mais là, c’était pour le fun. Elle trouvait ça plus imposant, plus prestigieux. Il n’en resta qu’une et elle s’adressa à la foule encore hébétée parce que qu’elle venait de voir.

"A l’attention de ceux et celles qui n’auraient bu qu’une ou deux bouteille de rhum et qui seraient encore à peu près lucides pour comprendre un quart de ce que je vais vous dire. Ils ne sont pas morts! Juste dans une illusion tellement profonde que leur esprit est ailleurs. Ils rêvent!"

Elle ne savait trop pourquoi elle avait tenu à le précisé. Mais elle avança vers le comptoir et commanda quelque chose à boire, mais sans alcool. Contre toute attente, il n’y eu aucune réaction à ce choix. Elle sentait les regards glisser sur elle mais elle s’en fichait. Elle ne prêtait même pas attention à ce qu’il se disait.

Du bruit... Mais quels imbéciles ! Calliope les avait pourtant prévenus, et un capitaine en colère n'est jamais très rassurant. La porte du bar s'ouvrit à la volée tandis que ses yeux bleus, presque noirs parcouraient la pièce... il y avait de l'électricité dans l'air... littéralement... et Calliope y était pour quelque chose.

"Je ne veux rien savoir. Je ne veux pas savoir qui a commencé, ni pourquoi, mais si vous recommencer, je peut vous assurer que vous finirez tous en brochettes, c'est clair ???"

Ne JAMAIS énerver Calliope quand elle médite. Déjà qu'elle a pas tellement l'occasion de le faire... Puis ses yeux se posèrent sur le comptoir. Elle ne la connaissait pas, celle-ci. Sûrement l'objet de ce qu'il s'était passé. Bref, elle voulu aller la rejoindre afin d'en apprendre un peu plus quand ses pieds butèrent dans quelque chose. Baissant les yeux, elle vit un de ses pirates complètement hors d'état de se défendre. Et c'était pas l'alcool...

**Pour une fois...**
**Je me passerai de tes commentaires, Shiva...**
**Yes, Ca'ptain !**

Elle enjamba le pirate sans faire le moindre commentaire et pris place à côté de la nouvelle venue.

"Bienvenue sur notre île... puis-je savoir votre prénom ? Pas que je me méfie, mais je suis le capitaine des pirates de cette île, justement et j'aimerai savoir qui foule notre territoire..."

Un sourire laissait présager qu'elle faisait confiance à l'inconnue pour ne pas l'attaquer, sans compter que ce serait inutile... à moins qu'elle ne veuille se retrouver soit grillée sur place soit avec une arme blanche plantée dans le coeur. On change pas un pirate... même si c'est une elfe.

"Je me nomme moi-même Calliope. Et cette bande d'ivrogne est sensée être mon équipage. Enfin... en partie. Certains sont assez sage pour ne pas s'ennivrer à mort."

Le barman n’avait rien dit en déposant devant elle quelque chose de jaune orangé à l’aspect légèrement laiteux et répugnant mais qui sentait divinement bon. Il s’agissait certainement d’un mélange du jus de tous les fruits de l’île. Aventurière au point de s’attaquer à cette mixture, la jeune femme allait la porter à ses lèvres quand une autre de la même tranche d’âge qu’elle disait s’appeler Calliope et se présentait comme étant la Capitaine de l’équipage dont un certain nombre des membres gisait au sol.

"Anastasia… Anastasia Connors. Mais on m’appelle Nox."

Le ton n’était pas froid comme il avait l’habitude de l’être mais elle ne parlait pas beaucoup par habitude. Enfin… quand elle parlait beaucoup c’était par pure provocation mais personne ne la connaissait vraiment. Et puis, il fallait bien l’avouer, elle sentait la nostalgie de parcourir l’océan avec Linc’, son parrain en quelque sorte, revenir. Elle se laissa aller à un soupir, les yeux perdus dans le verre. Elle releva la tête afin de mieux dévisager la jeune femme qui lui avait adressé la parole. C’était sans nul doute possible ce que les hommes appellent "une femme de caractère" et pour cause…

"Vous devez avoir un don pour tenir des gens comme eux…"

Cette phrase lui avait échappé. Son regard courrait sur le tas de membre qu’elle avait laissé traîner par terre et sur ceux qui cuvaient sur les tables, la bouteille encore serrée dans la main alors qu’ils n’avaient plus la force de porter le goulot à leurs dents jaunes (ou noires)… pour ceux à qui il restait des dents…

Anastasia avait cessé de faire tourner son verre sur le bar pour rentrer une de ces mains dans son manteau. Quelque chose gigotait et elle détestait ça.

*Sirius! Arrête!*
*J’te dis qu’il y a une salle bête qui bouffe du rongeur!*
*Déjà on dit "qui mange du rongeur", ensuite, je ne suis pas aveugle, je l’ai vue. Et même si t’as fait que sentir sa présence, tant que je serai là il ne te fera rien… et je pense sérieusement que Calliope l’empêchera de t’avaler.*

Si le gwarf avait eu le choix, il ne se serait jamais retrouvé en face de la Capitaine.

"Et lui, c’est Sirius."

Cette chose bleu ciel entre la marmotte, la loutre et le lapin, télépathe de surcroît, manqua de s’évanouir en voyant Shiva. Il tremblait comme une feuille au vent et ses petits yeux semblaient implorer le pardon. Nox avoua qu’elle l’avait connu plus courageux et plus vaillant… en même temps ce n’était jamais après lui qu’on en avait. Histoire que son compagnon ne meurt pas d’un arrêt cardiaque, la sorcière fit tomber son capuchon sur ses épaules. L’animal l’avait compris, c’était un peu comme montrer qu’elle avait confiance en Calliope pour ce qui était de ne pas laisser qui que ce soit le manger. On découvrit alors ses yeux verts rehaussés de cette lueur de malice, son visage légèrement hâlé par les heures passées sur le pont mais toujours plus pâle que celui des autres… Elle avait l’habitude de vivre la nuit…

"Enchantée, Nox ! Je crois que vous avez compris le truc pour les tenir à carreau..."

Calliope sourit avant de demander 'comme d'hab' au barman... une verre rempli d'un liquide ambré apparu aussitôt.

"Ils sont un peu... comment dire... fénéants et impolis, mais ce n'est qu'une apparence, enfin, tant que je suis dans les parages... Une autre partie de mon équipage de se soule pas à mort tout les jours"

**Tu oublies Will...**

"Hormis Will qui est une grosse exception."

La sorcière sortit alors de son manteau une animal. Un rongeur apparement. Elle jeta un oeil furtif a Shiva...

**J'ai déjà assez mangé...**
**Et de toute manière, je te prierai de pas t'en prendre à lui...**
**Mais c'est...**
**Shiva... si tu continue, je me pourrais penser que manger un aigle royal grillé serait pas mal...**
**Ok, ok...**

Calliope montra l'aigle royal perché sur une des poutrelle de soutient du bar :

"Faut pas s'en faire pour Shiva. Elle fera rien. Promis. Et sinon... que venez vous faire sur notre charmante petite île ?"

Elle vit la jeune femme enlever la capuche de son manteau et elle comprit aussitôt qu'elle était, elle aussi, d'un équipage. Quand à savoir lequel... mais sa paleur révèlait qu'elle ne se montrait pas tellement à la lumière du jour. Ses yeux vert étincelaient, cette même lueur de malice qu'elle voyait chez une bonne partie des elfes.

Il était certainement trop tôt pour dire que l’elfe et la sorcière se ressemblaient mais Anastasia commençait a éprouvé quelque sympathie pour son interlocutrice… sans compter qu’elle représentait l’ordre dans un endroit aussi hostile. Enchantée, elle aussi l’était. Sirius avait l’air apaisé de la garantie que lui offrait Calliope sur la distance à laquelle resteraient son oiseau. Il s’assit et posa ses deux pattes avants entre ses deux pattes arrières, lui conférant vraiment une attitude de "bébé humain", avant de laisser les longues oreilles retomber en arrière sur son dos arrondi. Ses petits yeux noirs plongeaient dans ceux de la Capitaine et, visiblement, elle l’intriguait.

L’hésitation se fit sentir lorsque que la question de savoir ce qu’elle faisait là s’éleva entre l’atmosphère entre le sordide et l’amical, aussi paradoxale soit-elle.

"Je crois que je n’en sais rien moi-même…Ca doit faire une semaine que je suis là… Le Neptunia a coulé à environ un mile marin d’ici… Il y avait une mutinerie sur le bateau, on avait prévu de rentrer à la fin du mois mais l’expédition allait durer encore trois longs mois… tous n’ont pas supporté et une bande de mutins a mis le feu aux barils de poudre… Après l’explosion, le bateau à coulé un peu plus vite que prévu… moi je faisais la vigie, histoire de relayer un ami et pour avoir un peu la paix… Je crois être la seule survivante, je n’ai pas retrouvé les autres. Je me suis laissée dériver et, de là où j’étais, j’avais repéré l’île, j’ai pagayé avec une autre planche du Neptunia… J'étais encore un peu sonnée et je me suis échouée sur la plage... et voilà…"

Plus ses mots filaient à travers les lèvres, plus sa gorge se nouait et plus ses yeux fixaient son verre, comme si de tout ce liquide allait ressurgir le vaisseau et son équipage. Elle le poussa un peu. Non, elle n’avait pas vraiment tourné la page, mais elle était plus forte que cela… enfin, au moins, elle en avait l’air. Elle n’avait pas versé une larme, ni même serré les dents.

Sirius, lui, en bon télépathe, sentit le malaise s’immiscer dans les souvenir de sa maîtresse. Il se releva et commença à faire circuler en « huit » les douze centimètres de son petit corps tout rond suivit des douze autres de sa queue un peu en panache, en dessous puis au dessus des bras tendus d’Anastasia sur le verre. Elle l’attrapa et commença à le caresser mécaniquement avant de poser de nouveau son regard sur Calliope.

"Toute l’île est à "à vous", si j’ose dire?"

Elle venait de réaliser qu’elle avait peut-être enfreint une sorte de loi dont elle n’aurait connaissance en foulant cette terre. Non que cela l’ait déranger un quart de seconde, elle avait l’habitude de se faire poursuivre par monts et par vaux par les régisseurs de tous les lieux qu’elle traversait, mais elle aurait bien voulu savoir de quoi elle était coupable… si coupable elle était.

Partout derrière elles, les marins avaient fini de chanter à tout va. Depuis que la Capitaine était entrée, l’atmosphère s’était presque imperceptiblement détendue jusqu’à devenir quelque chose de calme et de serein, plus propice au dialogue que les éclats de voix et le bruits des choppes battant les tables de bois.

"Si l'ile m'appartient ??? Ben... j'ai pas de papier l'attestant officiellement, mais mes pirates vivent ici depuis... la dernière ère glacière il me semble... Eh, Ren, c'est bien ça ?"

Le pirate interpellé acquiesa vigoureusement et Calliope se demanda si il avait vraiment entendu la question. Enfin, on pouvait pas changer les habitude héréditaire qu'était l'alcool (si, si, chez les pirates, c'est génétique ! xD).

"Mais ne vous en faites pas, je ne suis pas du genre à tuer les visiteurs... sauf si ils veulent voler mon joli trésor qui est caché sur l'île. Sans compter que vous avez été une pirate aussi. Je vais envoyer un navire pour faire des recherches sur les îles alentours, au cas où on trouverai des survivants."

Aussitôt, une bonne dizaine de personnes se levèrent :

"On y va, capitaine ! Sitôt qu'on aura dessoulé =) "

Et ils sortirent aussitôt. Comme quoi, ils comprenaient vite les ordres indirects.

"Si vous voulez, on peut aller avec eux..."

((HRP: Nox, je me suis tenue les côtes un bon quart d'heure!! XD tu as un humour que j'adore!!! voilà j'arrête le flood))

Edit Keysim : Désolé, mais ce genre de messages ne sont pas vraiment vraiment tolérés^^'

Je laisse pour cette fosi, mais merci de le faire par MP les prochaines fois.

[HRP : Contente que ça te plaise XD ... je suis vraiment comme ça lol légèrement cynique sur les bords mdr! (Sorry, Calliope, j'ai pas eu le temps de répondre plus tôt dans la journée...)]

Cette espèce d’acquiescement indirect quant à la possession de l’île fit esquisser un mince sourire à la jeune femme qui, bien qu’entourée, commençait à ce sentir de plus en plus seule. S’en suivit l’évocation d’un trésor… l’idée d’aller le chercher lui était effectivement passée par la tête, mais elle connaissait les règles de piraterie et les appliquait. On ne vole pas un autre pirate tant que tout son équipage et lui même n’ont pas rendu leur dernier soupir. Et puis elle se remit au goût de la sinistre réalité…

"Qu’est-ce que je ferais d’un trésor…? J’ai assez pour vivre jusqu’à la fin de mes jours, ici, et au pire je sais travailler… et c’est sa quête, qui m’intéresse… en lui-même, il n’est qu’un tas de métaux en tout genre…"

Si le spleen devait ressembler à quelque chose, ce serait certainement à Anastasia. Elle n’avait plus la fougue qui la caractérisait. Elle ne se laissait pas abattre mais ne ferait jamais le deuil de ses "frères", comme elle les appelait... et surtout de son "parrain", Linc’. A la pensée qu’elle pourrait en retrouver un vivant, elle fut enjouée… avant de ce résoudre à la sinistre réalité…

"Je les ai tous vus couler… si on en retrouve, ils ne seront que rejetés de la mer à moitié mangés par les poissons…"

Un peu trash, comme phrase mais si les braves dévots de la Capitaine croyaient que la loi de la jungle ne s’appliquait pas au milieu marin, ils se mettaient le doigt dans l’œil, précédé de la bouteille de rhum bien sûr, et bien profond!

*YOUHOUUUU!! Moi je ne sais pas nager et je suis vi-vaaant! Alors tu continues à y croire tant que t’as pas trente-quatre cadavres!*
*Trente-trois. Le trente-quatrième, c’est moi.*
*Je suis un gwaf… j’suis pas censé savoir compter alors m…ais au fait! Tu vas pas accepter son offre j’espère?*
*Faudrait savoir! Un coup tu me dis d’y croire, un coup du veux que je renonce à les chercher!*
*Ah oué mais là haut il y a une grooooosse bébête qui va me bouffer tout cru si vous avez le dos tourné tout les deux!*
*"manger"!*
*Toi aussi t’as la dalle?*
*Essaye d’être drôle, pour une fois… j’t’ai déjà dit qu’on ne disait pas "bouffer" mais "manger" et pas "avoir la dalle" mais "avoir faim". Et si, je vais accepter sa proposition. Au moins ça me changera les idées.*

Dépité, le rongeur essaya de bougonner quelque chose comme quoi le vocabulaire importait peu lorsque sa vie était en danger et des blablas dont on n’avait que faire. Comme ce fut décidé peu de temps auparavant. Anastasia se leva, signe qu’elle allait effectivement avec eux. Il commençait à faire nuit et elle n’avait pas sommeil… comme d’habitude. Elle déposa la somme requise pour le verre sur le comptoir et adressa un signe au barman dans le temps où elle faisait le premier pas, façon un peu cavalière pour dire "au revoir et à un de ces jours peut-être!".

Tiens? Papy fait de la résistance, le come back! Le vieux qui faisait le mort depuis bientôt vingt minutes se libérait de l’emprise de Nox… parce qu’elle le voulait bien… et il lui avait attrapé la cheville quand elle l’avait enjambé.

"Tu lâches pas l’affaire, toi, hein?!"

Elle l’avait très discrètement chuchoté, les dents serrées et les yeux toujours rivés sur la porte. L’air de rien, leva légèrement le talon de sa botte noire et plaqua un doigt de l’autre main entre le sol et son soulier… aie… il allait avoir très mal… En effet, ça ne manqua pas. Dans un premier temps, il n’avait rien dit… normal! Il était complètement anesthésié avec le rhum! Mais après, on ne put réellement discerner le craquement d’un métacarpe de celui des planches… bien sûr, à la teinte violacée que prenait l’auriculaire et au volume qui commençait à augmenter, on devinait aisément que le sol allait pour le mieux… pour le vieux, en revanche, se serait plus difficile, une fois l’alcool éliminé. Son pas se déroula de nouveau, presque trois secondes après s’être arrêté. Nox avait légèrement grimacé, témoin de l’effort qu’elle fournissait pour réduire en poussière l’os qu’elle gardait en otage. Enfin arrivée près de la porte avec un air très content d'elle, elle fit demi-tour, son expression redevenue celle de la fille posée et sans histoire (arhem...), pour observer Calliope.

"On y va? La nuit va bientôt tomber, on ne verra plus rien."

Non, elle n’était pas du genre "faux-jeton de première". Oui, elle avait éclaté le doigt d’un mec qui lui tapait sur le système. Non, elle n’avait pas oublié Sirius qui n’était contenté de fermer les yeux pour mieux imaginer l’auriculaire partir en bouillie, son côté sadique, sûrement. Oui, elle assumerait si Calliope lui disait quoi que ce soit quant à la santé des mains de ses pirates. De toute façon, Anastasia avait bien dans l’idée de faire une attelle à ce monsieur… une fois qu’il lui aurait présenté ses excuses. Eh oui, elle était comme ça, la p’tite sorcière : tant qu’elle n’avait pas reçu de compensation pour ses pertes, d’honneur ici, la maison n’offrait rien. Business is business!

[ suite ]